Ce débat de l’égalité aura lieu le 3 mars 2020 de 18h à 19h30 et sera consacré à une discussion sur le thème : “la science comme nouvelle frontière du lobbying”, en présence de Sylvain Laurens, auteur de “Les Courtiers du capitalisme” et “Militer pour la science”. La conférence se tiendra en français.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les courtiers du capitalisme

“À Bruxelles, loin des ONG, les lobbies patronaux préfèrent le huis-clos avec les bureaucrates pour faire progresser leurs affaires. Pour un lobbyiste, connaître des bureaucrates plus ou moins personnellement permet de savoir quand il est encore utile de pousser une position et quand, à l’inverse, il ne sert à rien de se montrer insistant : ”En fait, le Parlement européen, si tu veux faire une analogie, c’est comme si tu avais une table de poker ; et à cette table de poker-là, les gens doivent montrer leur jeu. Au Parlement, tu dois montrer ton jeu. Donc les libéraux c’est ça, la droite c’est ça et les socialistes c’est ça. Tu lis les amendements, tu vois d’où ça vient. Et le type de la Commission qui bosse là-dessus depuis deux ans à fond, il voit tout de suite dans le style de la rédaction, dans l’idée qui est poussée, comment ça a été amené et à quelle industrie il a affaire.”

À partir d’archives inédites et d’observations réalisées auprès des lobbys patronaux, ce livre analyse les relations qu’entretiennent les représentants des intérêts économiques avec les agents de la Commission européenne.
Pour parvenir à leurs fins, les lobbyistes doivent se fondre dans les logiques de productivité de l’administration communautaire : les plus grandes firmes apprennent ainsi à manier le jargon des technocrates pour maintenir leur position, et enrôlent des experts scientifiques pour répondre aux attentes pratiques de tel ou tel chef de bureau. Et les liens intimes qu’entretient le capitalisme avec la bureaucratie se voient quotidiennement réactualisés.”

 

Militer pour la science

“Certains savants considèrent que la science s’arrête aux portes des laboratoires. D’autres passent leur temps à promouvoir auprès des citoyens l’«esprit scientifique», estimant que la science n’est pas seulement une profession mais le pilier d’un espace public reposant sur la vérité. C’est à ces derniers que s’intéresse ce livre, qui cherche à rendre compte des conditions sociales et intellectuelles de l’engagement public des savants en faveur de la science et du rationalisme. En effet, même si les organisations rationalistes décrites dans cet ouvrage dépassent rarement le millier d’adhérents, elles constituent pour les sciences sociales un objet qui permet de poser des questions inversement plus larges que celles que leur taille ou leur relative confidentialité pourraient laisser supposer. Elles donnent à voir comment, et par quels processus, la « vérité» ou la «défense de la science» peuvent être durablement érigées en argument politique et mobilisées dans l’espace public par les amateurs de science ou par les savants eux-mêmes, d’une manière différente de génération en génération, des combats anticléricaux des années 1930 jusqu’aux débats sur le principe de précaution au début du XXIe siècle.”

 

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? Sylvain Laurens est sociologue à l’EHESS. Ses recherchent se situent à l’intersection d’une sociohistoire de l’État et d’une sociologie des milieux d’affaires.

? Les courtiers du capitalisme, éditions Agone, septembre 2015.

? Militer pour la science, éditions EHESS, mars 2019.

? Paris School of Economics : 48 boulevard Jourdan, 75014 Paris – Salle 02.21